Fantaisie
Créativité
Écologie

La création d'un lieu

Des travaux, de la volonté, du courage et des idées.

Je n’avais quasiment aucune expérience en rénovation ou en aménagement de bâti. J’avais quelques bases en électricité et en plomberie, je savais manier la scie circulaire et la scie sauteuse, percer des trous, mais c’était à peu près tout. Aucune expérience avec les outils de jardinage, les moteurs, les meuleuses, encore moins avec les pompes, les tableaux électriques ou les normes.

J’ai tout appris sur le tas. J’ai passé beaucoup de temps à étudier, à comparer, à tester sur les chantiers. J’ai avancé pas à pas, sans crainte de me tromper, avec l’envie et l’énergie de recommencer jusqu’à y parvenir. Au début, diriger des chantiers était compliqué, car je ne savais pas vraiment ce que je faisais. J’ai donc travaillé souvent seul, mais j’ai aussi reçu de l’aide, des conseils, des avis qui m’ont été précieux. Peu à peu, j’ai pu accueillir des personnes novices mais généreuses, désireuses d’aider et d’apprendre en même temps.

En termes d’organisation, il fallait avancer sur plusieurs fronts à la fois : le confort de vie, les aménagements du terrain, les jardins, les projets plus fantaisistes, ainsi que les installations nécessaires pour proposer des ateliers et des stages.

Fantasy Farm est avant tout un terrain de jeu et d’expérimentation. Il n’y a pas de pression de résultat, car seul compte le plaisir de faire. Il y aura toujours tant de choses à y réaliser, à y fabriquer pour créer des espaces de vie, de bien-être et de divagation.

La maison principale

Petite, écologique et cosy

Cette maisonnette de 70 m² est le lieu de vie « toutes saisons » de Fantasy Farm. On y trouve la cuisine principale, une salle à manger, un espace salon, un grand cellier et deux chambres : l’une individuelle, à l’arrière, donnant sur la prairie, et l’autre, un dortoir orienté plein sud, face à la cour.

L’isolation est la clé du confort de cet espace et a constitué la priorité des travaux de rénovation, afin de le rendre vivable et écologique en toute saison. Ceux-ci se sont étalés sur plusieurs années : ils ont commencé dès le premier jour par la rénovation du dortoir et se sont achevés en octobre 2024 avec la chambre individuelle.

Tous les murs ont été repris jusqu’à la pierre et rejointoyés à l’aide d’un enduit de sable et de chaux. Ceux du dortoir, moins épais, ont été isolés avec un enduit intérieur de chaux et de chanvre sur 6 cm, et recouverts de bottes de paille sur leur face extérieure, protégée dans la grange. Les plafonds ont été isolés avec une double couche de laine de verre. Les fenêtres et la porte ont été remplacées par des modèles à double vitrage. Enfin, les gouttières ont été refaites, un décaissement important et un drain ont été creusés à l’arrière de la maison pour limiter l’humidité, cette partie étant en partie enterrée.

Le chauffage est assuré par un poêle à bois, qui offre un grand confort dans l’espace de vie, tandis que les chambres restent plus fraîches, idéales pour un sommeil réparateur.

La douche, le bain, le sauna

Ecologie, confort, nature

La salle de bain, qui avait été aménagée dans ce qui est devenu la chambre dortoir, a été détruite. D’une part, le réseau de distribution d’eau dans la maison n’était plus en état, mais surtout, elle était très mal conçue et occupait une surface au sol trop importante.

L’idée d’une douche dans une serre m’est venue en découvrant des installations similaires dans d’autres écolieux. Les aspects pratiques m’ont convaincu : utiliser au mieux les éléments disponibles, profiter de l’exposition plein sud, faciliter l’accès et l’évacuation de l’eau. Quant à la baignoire, j’avais déjà fait l’expérience d’une baignoire extérieure chauffée au feu de bois, et j’avais été séduit par son confort et sa beauté.

Voici comment les choses se sont déroulées :

  • Décembre 2020 : démontage de la salle de bain et des toilettes intérieures.

  • Juin 2021 : ouverture de l’entrée murée sud du bâtiment de l’ancienne porcherie, installation de l’eau froide.

  • Août 2021 : réfection d’une section de la toiture de l’ancienne porcherie.

  • Octobre 2021 : installation du premier chauffe-eau.

  • Noël 2021 : construction de la structure en bois, pose des éléments de toiture et des murs.

  • Automne 2025 : Réaménagement complet et embellissement

La serre a été construite sur une ossature en bois, en partie de récupération, avec une toiture en plaques de polycarbonate alvéolaire et des murs composés de fenêtres de récupération. Elle est adossée au mur exposé sud de l’ancien bâtiment de la porcherie, dont une ouverture murée a été rouverte. Cet espace se situe entre l’ancienne rampe de pesée et de chargement des cochons et un immense abreuvoir, qui sera transformé en bac pour les plantes.

L’approvisionnement en eau est simple : la citerne de récupération d’eau de pluie est située dans cette partie de la propriété, et un chauffe-eau au gaz permet d’obtenir une eau très chaude, même par temps froid. En ce qui concerne la température de la serre, elle est toujours d’au moins 5 °C supérieure à la température extérieure.

Jusqu’à l’automne 2025, cette serre a également servi à faire pousser des semis et des légumes, ce qui ajoutait un charme particulier à cet espace où, l’été, tomates, basilic, aubergines et poivrons faisaient partie du décor. À l’automne 2025, une grande serre ayant été construite dans le potager, la serre de douche est en cours de réaménagement pour devenir un espace dédié au bien-être, avec trois douches, des espaces de rangement et de séchage pour les serviettes. La pièce intérieure à l’arrière est également en pleine rénovation : elle abritera une buanderie et servira d’antichambre entre la serre de douche et le sauna, situé juste en face.

En parlant du sauna, il a été construit à la fin de l’hiver 2024 et constitue un merveilleux ajout à Fantasy Farm. Auto-construit, il est chauffé par un poêle à bois et atteint facilement les 55 °C, ce qui est parfait pour se détendre. On peut y passer de longs moments, surtout quand il fait maussade et froid, mais il est utilisé toute l’année. Un bassin d’eau froide est installé dans la prairie pour se rafraîchir. Le sauna offre une vue sur la prairie, grâce à une fenêtre judicieusement placée. Un espace de massage attenant permet de disposer d’un véritable espace de soins et de bien-être au cœur de Fantasy Farm. Pour construire le sauna, la toiture a du être refaite et le choix d'utiliser des plaques transparente fut fait, ce qui apporte une luminosité qui a complètement changé tout cet espace et permis d'autres aménagements.

La Grange : une renaissance

La Grange est un espace à la fois généreux et transformé, fruit d’un long travail de réaménagement. D’un côté, un couloir de boxes à animaux, autrefois cloisonné, a dû être ouvert pour laisser place à de nouvelles possibilités. Au-dessus, un plancher rongé par le temps, vermoulu et instable, a été entièrement démonté, renforcé et reconstitué avec des planches de récupération, encore solides et réutilisables.

De l’autre côté, un vaste espace de terre battue et de pierres, marqué par une dénivelée de 50 cm, a servi de base à la construction d’une estrade. Deux dalles de béton y ont été coulées, et un mur a été spécialement équipé pour la pratique du yoga Iyengar.

Je ne dois pas oublier l’immense porte en bois qui s’est effondrée peu après mon arrivée. Cet incident m’a contraint à apprendre la menuiserie sur le tas pour reconstruire entièrement l’un des pans.

Les étapes de la transformation

La première phase a consisté à aménager les boxes, transformés en atelier de bricolage et en espace de stockage. Puis est venu le tour du plancher : près de 30 % des planches étaient hors d’usage. Heureusement, des planchers récupérés dans la porcherie, la maisonnette et le cellier ont permis de reconstituer un sol solide. Cet espace abrite désormais un dortoir de quatre couchages.

La maison principale étant intégrée à la grange, les murs de la chambre ont été isolés avec des bottes de paille, posées sur une marche en béton pour éviter tout contact direct avec le sol en terre.

La porte principale a finalement été démontée et remplacée par une structure de fenêtres de récupération.

La forme en "L" de l’espace offrait un renfoncement au sol irrégulier, jonché de grosses pierres. L’idée d’y installer une estrade s’est imposée : un espace polyvalent, servant à la fois d’atelier, de scène pour des spectacles, et de lieu de pratique.

Pour finaliser le projet, le reste du sol a été nivelé et assaini. Quatre tonnes de graviers ont été répandues, et deux nouvelles dalles de béton ont été coulées. Résultat : trois niveaux distincts – l’entrée, un plateau intermédiaire, et l’estrade – qui rendent l’espace à la fois fonctionnel, propre et esthétique.

Les Jardins : planter pour être

D’abord, il est essentiel de comprendre que la connexion avec la nature est primordiale, nécessaire, vitale. Son observation nourrit l’âme, et y planter ses doigts, ressentir la terre, est profondément thérapeutique. Il semble que, pour beaucoup, la nature fasse peur : son exubérance, sa puissance, son chaos en sont sans doute la cause. Mais quelle relation voulons-nous entretenir avec elle ? Cherchons-nous à la dominer, ou à construire un dialogue ?

J’ai souvent entendu des plaintes : les « mauvaises herbes », la corvée de tondre, de rabattre, d’entretenir. Pour moi, dès que je jardine, je me sens vivant. Je reçois, je me nourris. Heureusement, ce cycle ne s’arrête jamais, car c’est une connexion à l’éternel. Et cela me réjouit de savoir que tout ce que j’y fais n’a d’importance que pour moi, pour mon plaisir de jardiner, tout simplement. La nature, elle, poursuit son chemin, avec ou sans moi. Mais que puis-je y contribuer ? C’est à cette question que je me consacre ici.

Je m’inspire de la diversité des végétaux, de la relation au sauvage — animal et végétal —, des interrelations qui s’y tissent. Les principes de la permaculture, du jardin-forêt, de la forêt nourricière, les images des jardins et des lieux naturels que j’ai visités, tout cela m’inspire. J’ai eu la chance de recevoir l’aide et les conseils de jardiniers expérimentés, chacun m’apportant ses histoires, ses astuces, ses expériences.

Fantasy Farm se compose de plusieurs espaces : la cour, le potager, la prairie. J’y ai créé des subdivisions végétales. L’entrée, les abords des bâtiments, sont des lieux clés : ils dessinent un décor, un accueil, une relation avec le bâti, les zones d’habitation. Il y a les passages, ceux qui existent et ceux que l’on invente. Il y a les ambiances, les cassures, les couleurs, les odeurs. Tous ces aspects doivent être pensés en fonction des ressources disponibles — eau, lumière, vent, microclimats.

Puis vient le choix des végétaux et l’ordre des plantations.

J’ai commencé par les haies : les comprendre, les redéfinir, avancer étape par étape, année après année. Mon souhait ? Créer une barrière visuelle avec les voisins, utiliser des arbres et arbustes locaux, une diversité de variétés, et penser aux animaux qui y vivent, s’y nourrissent, s’y cachent, s’y protègent et y prospèrent. Je ne voulais pas d’une simple ligne droite, mais d’un décor, d’un relief, où chaque angle offre un nouveau point de vue, un chemin à découvrir.

Le verger, les fruitiers, ont été plantés en décembre 2021, après un an de réflexion. Pas question de rangées : la déambulation est trop importante pour moi. Un jardin doit être poétique, pas rigide ni purement fonctionnel, pour être thérapeutique. J’ai planté des piquets avec des rubans colorés, pour ressentir in situ les espaces, vérifier l’accès à la lumière. J’ai choisi les espèces et les variétés auprès de l’association Prom’Haies, en tenant compte de la pollinisation, des périodes de production et de conservation des fruits. J’ai passé commande, creusé les trous, observé comment l’eau y stagnait ou s’écoulait. Certains trous ont été rebouchés, d’autres creusés à nouveau. Quand les plants sont arrivés, j’ai laissé mon ressenti décider : oui, ici, ce sera bon. Après quatre ans, le taux de réussite est plutôt satisfaisant. Quelques arbres sont morts (deux abricotiers, un pêcher, un prunier, un cerisier, un pommier), mais la plupart semblent à leur place et commencent à donner des fruits. La taille suit les règles, mais aussi l’instinct. Les traitements contre nuisibles et maladies sont naturels, biologiques. J’apprends, saison après saison.

Le potager est un enjeu essentiel, complexe : la terre, les rotations, les associations, les besoins et contraintes de chaque légume. Je prends mon temps, j’avance à petits pas. La nature a besoin de temps, la terre doit être préparée, construite. Avant de travailler sur une « terre vivante biologique », il faut superposer des couches et des couches d’ingrédients naturels. Je m’y suis attelé, et il faudra continuer à amender avec fumure et compost.

Les serres sont importantes. J’en ai construit plusieurs : pour l’atelier, les semis, les boutures, les pépinières — certaines en plein soleil, d’autres plus protégées. Une première petite serre, où j’ai aussi installé une douche, m’a convaincu de la nécessité d’une serre de culture plus grande. Elle a été construite à l’automne 2025 et devrait être opérationnelle à la fin de l’hiver 2026.

Les fleurs, les couleurs, les senteurs, les pollinisateurs ne sont pas seulement magnifiques à regarder : ils sont essentiels au cycle, au système végétal et animal. Les fleurs attirent les insectes qui propagent le pollen et nourrissent les oiseaux. Le potager et les fruitiers ne peuvent s’épanouir sans eux. Tous les arbustes ont été choisis dans ce but. Les rosiers sont partout, tout comme les aromates, les plantes médicinales et toutes les fleurs qui s’épanouissent du printemps à la fin de l’automne.

L’hiver, j’alimente les oiseaux. Hirondelles et chauves-souris sont accueillies à bras ouverts : je protège leurs nids, je fais tout pour qu’elles se sentent en sécurité, qu’elles puissent se reproduire et jouer leur rôle d’insecticide naturel.

Je t’invite à venir découvrir les jardins de Fantasy Farm. Viens t’y promener, t’y intéresser, t’y impliquer. Viens t’y ressourcer et recevoir tout ce que la nature a à donner : la vie, la générosité, le bonheur, le souffle. Ici, chaque geste est un dialogue, chaque saison une leçon. Et si tu le souhaites, tu pourras, toi aussi, y planter tes doigts et un peu de toi pour être, tout simplement.

L’eau et les déchets : un cycle respectueux à Fantasy Farm

À Fantasy Farm, l’eau est une ressource précieuse, gérée avec soin. Deux cuves souterraines permettent de récupérer et de stocker une grande quantité d’eau de pluie, utilisée pour l’arrosage des jardins, les douches et le lave-linge.

Les toilettes, installées dans des dépendances extérieures, fonctionnent avec des séparateurs à matière. Les déchets sont ensuite compostés pendant trois ans. La zone de compostage, aménagée sur une dalle de béton avec drainage vers l’égout, respecte scrupuleusement les normes environnementales en vigueur pour les toilettes sèches.

Tous les déchets verts de la cuisine rejoignent naturellement le compost, garantissant la diversité des matières essentielle à un bon processus de décomposition.

Les déchets de jardinage sont compostés en plusieurs points du jardin et des haies. Les branches de taille sont broyées et épandues sur les parcelles potagères, tandis que les tontes de gazon servent de paillage pour les fruitiers et arbustes. Cette pratique enrichit le sol en nutriments, protège les plantes du soleil et des fortes chaleurs, et limite ainsi les besoins en arrosage. Enfin, des engrais verts sont régulièrement semés au potager pour améliorer la qualité de la terre.